STATINES : Quand et combien, pour des avantages à vie ?
Cette étude menée à l'Université Queen Mary de Londres et présentée au Congrès 2022 de l European Society of Cardiology (ESC), met en évidence les avantages à vie de la thérapie aux statines. Au-delà, l’étude révèle et alerte : l'arrêt précoce du traitement par statine pourrait réduire considérablement la protection à vie contre les maladies cardiaques, car une grande partie des bénéfices se produit plus tard dans la vie.
L'auteur principal, le Dr Runguo Wu de l'Université Queen Mary commente ces données : « Le traitement hypocholestérolémiant devrait être envisagé sans attendre pour les personnes dans la quarantaine qui présentent un risque élevé de maladie cardiovasculaire et les personnes de tous âges souffrant d'une maladie cardiaque préexistante. Par ailleurs, arrêter le traitement, sauf avis médical, ne semble pas un choix judicieux ».
Les maladies cardiovasculaires sont la cause la plus fréquente de problèmes de santé et de décès dans le monde, et l'hypercholestérolémie est un facteur de risque, clé et modifiable. Des preuves solides montrent que la réduction des lipoprotéines de basse densité de 1 mmol/L avec le traitement par statine permet de réduire le risque de cardiopathie ischémique et d’accident vasculaire cérébral jusqu’à 25 %.
Les statines sont les médicaments « régulateurs » des lipides les plus couramment utilisés. On estime à plus de 145 millions de personnes, le nombre de patients prenant des statines. Cependant, soulignent les auteurs, l'initiation tardive du traitement et une mauvaise observance sont courantes. Par ailleurs, la crainte des effets secondaires des statines semble responsable d'une sous-utilisation chez les personnes présentant un risque accru d'événements cardiovasculaires.
Les statines, quand et combien de temps ?
Il existe toujours une incertitude sur le moment de l’initiation du traitement et sur sa durée dans l’objectif d’optimiser ses effets. Cette étude estime justement, et pour la première fois, les effets cumulés des statines en fonction de l'âge au début du traitement et de son antériorité. Les chercheurs ont développé un modèle basé sur les données de 118.000 participants à de grands essais internationaux sur les statines de la Cholesterol Treatment Trialists' (CTT) Collaboration et de 500.000 participants à la biobank britannique.
Un modèle précise l’optimisation du traitement : le modèle prend en compte les caractéristiques individuelles des patients (notamment l’âge et le sexe) et les antécédents médicaux pour estimer le risque annuel de crise cardiaque, d'accident vasculaire cérébral, de maladie coronarienne, de diabète, de cancer, de décès vasculaire et de décès non vasculaire.
Le traitement avec une dose standard de statine (40 mg par jour) a ensuite été utilisé pour estimer l'effet du traitement par rapport à l'absence de traitement dans ces scénarii :
- traitement à vie (utilisé jusqu'au décès ou jusqu'à 110 ans),
- traitement arrêté à 80 ans,
- traitement retardé de 5 ans chez les participants de moins de 45 ans.
Le bénéfice des statines a été évalué en années de vie ajustées sur la qualité (QALY : quality-adjusted life year) (1 QALY = 1 année de vie en parfaite santé). Les bénéfices des statines ont également été précisés en fonction du risque cardiovasculaire de base, soit en fonction du risque d’événement à 10 ans, un risque basé sur l'âge, la tension artérielle, le taux de cholestérol, le statut tabagique et les antécédents médicaux. L’analyse révèle que :
- une grande partie des QALY acquises grâce aux statines s'accumule plus tard dans la vie ;
- pus le risque cardiovasculaire à 10 ans est élevé, plus le bénéfice des statines est important et précoce ;
- vs un traitement par statine à vie, l'arrêt du traitement à 80 ans, efface une grande partie du bénéfice, en particulier chez les personnes à faible risque cardiovasculaire ;
- les personnes qui commencent à prendre des statines dans la cinquantaine mais qui arrêtent à 80 ans au lieu de continuer toute leur vie perdent ainsi 73% du bénéfice tel qu’évalué en QALY lorsqu’elles présentent un risque cardiovasculaire relativement faible et 36% si leur risque cardiovasculaire est élevé ;
- le risque cardiovasculaire des femmes est généralement inférieur à celui des hommes : cela suggère que pour les femmes, la plupart des avantages à vie des statines se produisent plus tard dans la vie et l'arrêt prématuré du traitement est probablement plus préjudiciable que pour les hommes ;
- chez les personnes de moins de 45 ans à faible risque cardiovasculaire, c'est-à-dire moins de 5 % de probabilité de crise cardiaque ou d'accident vasculaire cérébral à 10 ans, un retard de 5 ans dans la prise de statines a peu d'impact soit « une perte » de seulement 2 % du potentiel en QALY apporté par un traitement à vie ;
- l'impact est plus important chez les personnes de moins de 45 ans à risque cardiovasculaire élevé qui perdent jusqu’à 7 % du bénéfice en QALY possible avec un traitement à vie.
Ainsi, les personnes à risque cardiovasculaire plus élevé commencent à tirer des statines, des bénéfices plus tôt et ont plus à perdre en retardant le traitement que les patients à plus faible risque.
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