STRESS POST-TRAUMA : La kétamine pour vacciner contre la peur ?
On ne peut pas prévoir tous les événements stressants mais, en tous cas, il serait peut-être possible de gommer les effets d’événements difficiles et connus à venir et d’éviter les symptômes du syndrome de stress traumatique en prenant une unique dose de kétamine quelques jours avant. C’est ce que démontre cette étude de l'Université de Columbia, menée chez l’animal et publiée dans la revue Neuropsychopharmacology. Des conclusions qui font avancer la compréhension des effets de la kétamine sur le cerveau et notamment sur la réponse au stress.
La kétamine connue comme une substance illégale mais déjà dans la composition de médicaments ou anesthésiques a déjà été documentée pour son intérêt thérapeutique et parfois "spectaculaire" dans la prise en charge de la dépression sévère, ses promesses pour traiter la fibromyalgie et la dépendance à l'alcool. Cette étude suggère qu'une dose unique en prévention, quelques jours avant un événement stressant permettrait de réduire le choc émotionnel et d'éviter le syndrome de stress post-traumatique (SSPT). Les chercheurs newyorkais espèrent déjà bientôt tester l'utilisation prophylactique de la kétamine chez les humains, idéalement parmi le personnel militaire.
L'étude menée chez la souris, suggère que l'administration prophylactique de la kétamine pourrait prévenir les symptômes du syndrome de stress post-traumatique : en effet, lorsqu'ils en administrent une petite dose de kétamine par voie intraveineuse, un mois, une semaine ou une heure avant de soumettre la souris à une série de petits chocs, les souris ayant été conditionnées pour associer l'environnement de test aux chocs, les chercheurs constatent que les souris ayant reçu de la kétamine une semaine avant le stress présentent une peur et un tremblement réduits lorsqu'elles ont été renvoyées dans l'environnement d'essai.
Le moment de l'administration de la kétamine apparaît donc comme essentiel pour réduire l'expression de la peur, et les chercheurs devront encore préciser la fenêtre d'administration pour obtenir cet effet protecteur. Car les chercheurs constatent aussi que le fait de donner de la kétamine immédiatement après le facteur de stress n'affecte pas la réponse des animaux. Toutefois, en administrant de la kétamine une heure après un deuxième choc, l'expression de la peur diminue, suggérant qu'il pourrait y avoir une autre fenêtre d'efficacité, possible post-trauma.
La kétamine pour vacciner contre la peur ? Si les auteurs ne préconisent pas une utilisation répandue pour prévenir ou réduire les symptômes du SSPT, ils envisagent l'idée d'un « vaccin » unidose qui pourrait soulager les personnes susceptibles de connaître des facteurs de stress importants. Une piste d'autant plus intéressante qu'il existe peu de thérapies efficaces pour prévenir ou traiter le SSPT et qu'environ une personne sur 4 victime d'un tel choc va développer un SSPT.
27 January 2017; doi: 10.1038/npp.2017.19 Prophylactic ketamine attenuates learned fear
Plus sur le SSPT
Autres actualités sur le même thème
VIEILLISSEMENT : Stimuler l'adénosine monophosphate pour prolonger la vie
Actualité publiée il y a 11 mois 3 semainesRÉGIME CÉTOGÈNE : Bénéfique aussi en cas de schizophrénie
Actualité publiée il y a 8 mois 3 semainesALZHEIMER : Le gène APOE4 doublement associé à β-amyloïde et à Tau
Actualité publiée il y a 4 années 11 moisContre la DÉPRESSION, le yoga lyengar, 2 fois par semaine
Actualité publiée il y a 7 années 9 mois