SURMÉDICATION : Certains passent la moitié de leur vie sous traitement

Un Américain passe en moyenne

plus de temps sous traitement que la durée moyenne du mariage ou même la durée d'activité professionnelle.

L’étude a analysé les données d’enquêtes représentatives à l'échelle des États-Unis, menées sur le sujet, de 1996 à 2019, par l'Agence sanitaire AHRQ et les Centers for Disease Control and Prevention (CDC). Ces enquêtes sont réalisées auprès d'environ 15.000 ménages choisis chaque année et collectent des informations tous les 5 mois. Près de 70 % des répondants autorisent l'AHRQ et le CDC à vérifier leurs ordonnances auprès de leurs pharmacies, ce qui confère aux enquêtes des niveaux de précision élevés. Les statistiques de santé et les données sur la mortalité ont permis d’estimer la durée de vie. Ces informations ont été combinées avec les données d’enquête afin d’estimer la durée de vie passée en moyenne sous médicaments sur ordonnance. L’analyse constate que :

• la majorité des hommes (américains) prennent des médicaments sur ordonnance avant l'âge de 40 ans ;
• la plupart des femmes avant l'âge de 15 ans ;
• en moyenne, un nouveau-né garçon en 2019 pouvait « s'attendre » à prendre des médicaments sur prescription pendant environ 37 ans, soit 48 % de sa vie ;

• en moyenne, en 2019, un nouveau-né fille pouvait « s'attendre » à prendre des médicaments sur prescription pendant environ 47,5 ans, soit 60 % de sa vie ;

• le fait que les femmes commencent à prendre des médicaments sur prescription plus tôt que les hommes est en partie lié aux contraceptifs hormonaux, mais également à une plus grande utilisation de médicaments psychothérapeutiques (pour traiter des affections telles que la dépression, l’anxiété et le TDAH) et d’analgésiques ;
• ainsi les contraceptifs ne pèse que pour environ un tiers de la différence
• les hommes ont tendance à prendre davantage de statines et d'autres médicaments contre les maladies cardiovasculaires ;
• les taux de polymédication, c'est-à-dire de prise de 5 médicaments ou plus en même temps, atteignent des niveaux alarmants.

Cette tendance à la sur-médication et à la polymédication a des implications considérables sur les dépenses de santé.

Mais cette surpolymédication expose aussi les usagers de santé à un risque considérable et pourtant évitable d’interactions médicamenteuses et d’effets indésirables.