TRISOMIE 21 : 8 semaines d’exercice transforment la qualité de vie
Cette étude d’une équipe de l’Anglia Ruskin University, qualifiée de révolutionnaire montre que la pratique de l’exercice peut améliorer considérablement la santé cognitive des personnes atteintes de trisomie 21 ou syndrome de Down, et, en particulier, permet de restaurer les fonctions de traitement de l’information et d’attention. La recherche, publiée dans l’International Journal of Environmental Research and Public Health, révèle ces bénéfices après seulement 8 semaines de pratique.
Environ un enfant sur mille naît avec une trisomie 21 ou syndrome de Down. La condition est associée à une disposition atypique des chromosomes, qui entraîne un certain degré de déficience intellectuelle et des retards dans le développement des capacités motrices et de la parole, notamment.
La recherche montre qu’un exercice adapté, léger et régulier est bénéfique pour les personnes trisomiques, à la fois pour leur santé physique et cognitive. L'étude Mindsets est ainsi la première à démontrer ces effets de l'exercice chez les personnes atteintes du syndrome de Down. Elle suggère par exemple, que de courtes périodes de marche peuvent suffire à apporter ces améliorations.
Ces données ajoutent enfin à la preuve du rôle clé, et de mieux en mieux documenté, de l’exercice sur la croissance et la performance cognitives que ce soit chez les plus jeunes, les plus âgés, ou ici chez les personnes trisomiques. Ces résultats ont toute leur importance, alors que ce groupe de population n’atteint généralement pas les niveaux d’activité physique quotidienne recommandés.
La marche ou l’exercice, des outils puissants de stimulation des fonctions cognitives et exécutives
L’étude Mindsets a suivi 83 participants adultes, 40 femmes et 43 hommes, âgés de 18 à 48 ans, originaires de 10 pays répartis dans 4 groupes pendant une période de 8 semaines :
- le 1er groupe d’exercice pratiquait des exercices cardiorespiratoires, qui impliquaient de marcher 3 fois par semaine pendant 30 minutes ;
- le 2è groupe pratiquait une série d'exercices sur les fonctions cognitives et exécutives, 3 fois par semaine pendant 30 minutes ;
- le 3è groupe combinait a fait les exercices physiques et cognitifs ;
- le 4è groupe n'avait aucun entraînement particulier (groupe témoin).
Les participants ont tous été équipés de trackers afin d’enregistrer leur activité et le nombre de pas effectués, les distances parcourues, les vitesses et la fréquence cardiaque. Au début et à la fin de la période de suivi de 8 semaines, tous ont subi des évaluations physiques et cognitives. L’analyse montre que :
- l'effet positif de l’exercice physique sur la condition physique est bien confirmé par les augmentations significatives de la distance totale parcourue lors d'un test de marche de six minutes, les groupes d'exercice seul et le groupe « combiné » s'améliorant respectivement de 11,4 % et 9,9 % ;
- le test d'attention révèle une réduction significative des erreurs et une augmentation des bonnes réponses chez les participants des 2 groupes d’exercices uniquement et combinés ;
- le test de rapidité et la précision de la prise de décision révèle une amélioration significative dans le groupe d'exercice uniquement, le groupe d'entraînement cognitif et le groupe combiné ;
- l’activation des voies neuronales locomotrices au cours des séances de marche semble stimuler le développement cognitif, car elle incite les personnes trisomiques à plus de vigilance, d’attention et de concentration.
L’auteur principal, le Dr Dan Gordon, professeur agrégé de physiologie de l'exercice cardiorespiratoire à l'université Anglia Ruskin, conclut que « la marche, et l'exercice en général, n'est pas une activité naturelle pour de nombreuses personnes trisomiques, et pourtant c’est bien un outil puissant de développement et de stimulation des fonctions cognitives et exécutives ».
« Si, pour la plupart des gens, marcher est une activité subconsciente, cependant cela implique beaucoup de traitement d’informations et de prise de décision. Chez nos participants trisomiques, nous pensons que la marche a pour effet d’activer les voies locomotrices, de stimuler le développement cognitif et d’améliorer le traitement de l’information, la vigilance et l’attention ».
Ces résultats sont « énormes » pour la communauté du syndrome de Down, car une amélioration de la fonction cognitive permet une meilleure intégration sociétale et une meilleure qualité de vie. De plus, ces résultats rappellent
la capacité de plasticité de chaque cerveau, et même s’il existe des différences génétiques,
cela ne signifie pas qu’un cerveau ne peut pas changer avec l’exercice.
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