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DIABÈTE: Sucré-salé, le doux mélange à éviter

Actualité publiée il y a 8 années 8 mois 1 semaine
CHU Réseau et Cell Metabolism

De simples mesures diététiques mimant l’effet de la chirurgie bariatrique, comme la diminution de la prise simultanée de sel et de sucre, pourraient contribuer à prévenir le diabète de type 2, révèle cette équipe du CHRU de Lille. L’étude, menée sur l’animal décrypte pour la première fois l’effet délétère du mélange sucré-salé, chez l’animal et après une intervention de chirurgie bariatrique par bypass gastrique : l’addition de sel restaure l’absorption du sucre dans la partie haute de l’intestin et entraîne une augmentation de la glycémie postpandriale. Des conclusions présentées dans la revue Cell Metabolism, qui soulignent l’influence essentielle du sodium sur l’absorption intestinale du glucose.

La chirurgie de l'obésité de type bypass consiste à modifier le circuit alimentaire, en court-circuitant une partie de l'estomac et de l'intestin. Depuis sa recommandation par la Haute Autorité de Santé en 2009, la chirurgie bariatrique a été réalisée chez plus de 200 000 français atteints d'obésité sévère. Chez les patients présentant également un diabète de type 2, la dérivation de l'estomac, appelée bypass gastrique entraîne aussi une diminution rapide du taux de sucre dans le sang (glycémie). Une fois opérés, de nombreux patients peuvent diminuer voire interrompre leurs médicaments antidiabétiques, avant même d'avoir perdu du poids. De nombreuses études ont ainsi montré que la chirurgie bariatrique, dont le bypass gastrique, apporte des résultats spectaculaires pour les patients diabétiques, avec la perte de poids, la diminution de l'appétence pour les aliments sucrés mais aussi une diminution sélective de l'absorption du glucose par l'intestin.


Ici, les scientifiques ont étudié les conséquences de l'intervention chez l'animal, le miniporc, un mammifère omnivore dont l'anatomie et la physiologie digestives sont très proches de celles de l'homme. Ils identifient ainsi pour la première fois un mécanisme impactant le métabolisme du glucose : après un bypass gastrique, le sucre ingéré n'est plus absorbé que dans la partie basse de l'intestin, lorsqu'il entre en contact avec la bile. De plus, cet effet de la bile est annulé en présence de phlorizine, un inhibiteur de l'absorption du glucose, naturellement contenu dans l'écorce de pommier. Enfin, l'addition de sodium (sel) suffit à restaurer l'absorption du sucre dans la partie haute de l'intestin, et à accroître le taux de sucre postprandial chez l'animal.

Le lien entre l'addition de sel et l'augmentation de la glycémie au cours du repas : avec ces tout premiers résultats, les chercheurs mettent en évidence l'influence essentielle du sodium sur l'absorption intestinale du glucose : le sodium endogène, excrété dans la bile et les secrétions digestives, assure la majorité de l'absorption physiologique du glucose par l'intestin.

En cas de bypass, le glucose est absorbé uniquement lorsqu'il entre en contact de la bile et du sel qu'elle contient. Ainsi, l'étude contribue à expliquerplusieurs observations jusque-là incomprises, comme la diminution immédiate du taux de sucre après un repas chez les patients diabétiques opérés, ou la meilleure efficacité des interventions réduisant le plus la longueur d'intestin fonctionnel. Plus généralement, ces résultats confirment aussi l'influence du contenu en sel des repas sur l'élévation de la glycémie, récemment illustrée chez des individus sains, par une étude israélienne (Zeevi et al. Cell 2015).

Les chercheurs lillois soulignent l'intérêt de prévenir ou traiter le diabète en modulant l'absorption intestinale du glucose par des mesures diététiques (par la diminution de l'ingestion simultanée de sel et de sucre) ou pharmacologiques (à l'aide de molécules inhibant sélectivement le transporteur sodium-glucose intestinal, dont les premiers résultats chez l'homme semblent prometteurs).

Au-delà de la chirurgie, l'élucidation des liens unissant l'intestin, l'alimentation et l'équilibre glycémique ouvre de nouvelles perspectives pour la prise en charge du diabète de type 2, une maladie qui frappe 5% des français et plus de 300 millions de personnes dans le monde.


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