EXERCICE MÉDICAL: Le burn out associé à une réduction de la pratique clinique
Les déserts médicaux existent dans tous les pays, pour preuve cette étude de la Mayo Clinic qui les confirme et suggère une association entre l'épuisement professionnel des médecins, et la réduction du nombre d'heures qu'ils consacrent à leur pratique clinique. Ces nouvelles données, publiées dans les Mayo Clinic Proceedings, appellent donc à briser ce cercle infernal entre le manque de satisfaction professionnelle des médecins, leur temps de pratique réduit et la difficulté croissante d’accès aux soins.
L'auteur principal, le Dr Tait Shanafelt qualifie cette augmentation de l'épuisement des médecins (ici américains) comme « spectaculaire. Son analyse, basée sur les déclarations de salaires et d'horaires, constate, en effet, un lien direct entre les niveaux d'épuisement et le temps de pratique clinique. Au-delà, ces données prédisent que les médecins pourraient réduire encore « leurs horaires », sur les toutes prochaines années.
L'équipe de la Mayo Clinic fait ainsi le lien entre des données provenant d'enquêtes validées, en 2013, évaluant l'épuisement professionnel et la satisfaction au travail chez 2.132 médecins (de la clinique Mayo en Arizona, en Floride et au Minnesota). Les résultats ont été ajustés pour la localisation, l'âge, le sexe et la spécialité. L'analyse montre que :
· pour chaque augmentation d'un point sur une échelle de burn out sur 7 points, le médecin est plus enclin, de 40%, à opter pour des horaires réduits, au cours des 24 prochains mois.
· Une relation similaire est observée pour chaque diminution d'un point sur l'échelle de burn out.
Bref, l'augmentation du burn out, touche de plein fouet les médecins, ici hospitaliers, avec toutes les conséquences habituelles et parfois sévères, observées chez des patients lambda. Mais, au-delà des aspects humains, en réduisant leurs horaires de pratique, le burn out des médecins exacerbe la pénurie des effectifs médicaux et les difficultés d'accès aux soins pour les patients. Les auteurs appellent à proposer aux médecins d'autres options que l'épuisement ou le « retrait », en particulier en travaillant à l'amélioration des conditions d'exercice et des organisations, de manière à inverser la tendance.
Enfin, ces données apparaissent tout particulièrement importantes pour plusieurs disciplines de soins primaires, tels que la médecine familiale et la médecine interne générale. Ces spécialités sont en effet déjà fortement impactées par d'importantes pénuries de professionnels de santé.
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