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ASTHME : Sa sévérité est fonction du microbiome des voies respiratoires

Actualité publiée il y a 4 années 11 mois 3 jours
Nature Communications
Cette étude associe certains schémas dynamiques et certaines compositions du microbiote des voies respiratoires aux exacerbations de l'asthme

De la même manière que le microbiome intestinal joue un rôle clé dans la maladie intestinale et métabolique, le microbiome des voies respiratoires joue un rôle essentiel dans la physiopathologie de l'asthme. Cependant, la relation entre le microbiome des voies respiratoires des enfants asthmatiques, la perte de contrôle de l'asthme et les exacerbations sévères reste encore largement inconnue. Cette équipe de l'Université de Washington est la première à associer certains schémas dynamiques et certaines compositions du microbiote des voies respiratoires aux exacerbations de l'asthme. Les résultats, publiés dans la revue Nature Communications, ouvrent, eux-aussi la voie d’une régulation des bactéries des voies aériennes pour protéger contre les crises d'asthme.

 

Le principe est similaire à la piste des probiotiques et de la régulation du microbiote intestinal, pour traiter les maladies inflammatoires intestinales chroniques (MICI) -voire d’autres maladies non intestinales associées à une dysbiose du microbiote-.

Un microbiote des voies respiratoires dominé par les genres Corynebacterium + Dolosigranulum est associé à des résultats cliniques favorables par rapport à un microbiote dominé par des bactéries plus pathogènes de types Staphylococcus, Streptococcus et Moraxella

Modifier le microbiote des voies respiratoires pour soulager les patients asthmatiques ?

 

Ici, les chercheurs de Washington ont travaillé à partir de 319 échantillons de sécrétions nasales de 214 enfants âgés de 5 à 11 ans, souffrant d'asthme léger à modéré. Cette analyse montre que :

  • les participants dont le microbiote est dominé par le groupe commensal Corynebacterium + Dolosigranulum connaissent les taux les plus faibles d’exacerbation et les intervalles les plus longs entre 2 crises d’asthme ;
  • l’augmentation des niveaux de Moraxella est associée à une augmentation du risque d'exacerbation sévère de l'asthme ;
  • l'abondance relative de Corynebacterium est inversement associée à une exacerbation sévère ;
  • En synthèse, un microbiote des voies respiratoires dominé par les genres Corynebacterium + Dolosigranulum est associé à des résultats cliniques favorables par rapport à un microbiote dominé par des bactéries plus pathogènes de types Staphylococcus, Streptococcus et Moraxella.
  • Ainsi, en pratique et au cours du suivi, la prédominance de certaines familles bactériennes s'avère associée à des périodes de bon contrôle de l’asthme ou, au contraire, à des périodes de progression de la maladie vers une exacerbation des symptômes.

 

 

Les changements du microbiome des voies respiratoires sont très rapides chez les enfants qui passent d’une période de santé respiratoire à une phase exacerbée de la maladie, relève l’auteur principal, le Dr Yanjiao Zhou, spécialiste du microbiome et de bioinformatique à l'Université de Washington puis à l'Université du Connecticut. « De plus, il est fascinant de constater que le modèle de changement du microbiome peut jouer lui-même un rôle important dans l'exacerbation de l'asthme ». Ainsi, le microbiome des voies respiratoires et ses changements apparaissent comme des marqueurs de santé respiratoire et du contrôle de l’asthme.

 

 

Un nouveau traitement de l'asthme ? L'étude soulève la possibilité d'un rôle causal du microbiome respiratoire dans la sévérité /contrôle de l'asthme. La prochaine étape consistera donc à regarder si la modification des types de bactéries qui vivent dans les voies respiratoires supérieures pourrait réduire la sévérité de la maladie. D'autant qu'« il est urgent de développer de meilleures thérapies contre l'asthme » rappelle l'auteur principal, le Dr Avraham Beigelman, professeur agrégé de pédiatrie à l'Université de Washington : « Bien que cette étude ne démontre pas le lien de cause à effet, elle suggère qu’apporter de bonnes bactéries au microbiome des voies respiratoires pourrait réduire a minima, le risque d'aggravation des symptômes de l'asthme ».

 

 

L’équipe prévoit maintenant de poursuivre des études chez la souris pour préciser le rôle des bactéries dans la sévérité de l'asthme et commencer à tester différentes interventions qui viseraient à favoriser la colonisation des voies aériennes supérieures par des bactéries protectrices.


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