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CAFÉ : L’arôme enclenche la dépendance

Actualité publiée il y a 5 années 4 mois 2 semaines
Experimental and Clinical Psychopharmacology
Cette toute première démonstration de la sensibilité olfactive à l’odeur du café ouvre la voie à de nouvelles thérapies possibles, par aversion, pour traiter les patients dépendants à certaines substances ayant une odeur bien spécifique, comme le tabac et le cannabis.

Les « accros » au café se réveillent avec l’arôme du café, constate cette étude de l’Université de Portsmouth qui révèle que les consommateurs réguliers peuvent sentir même des traces infimes d’arôme de café. Cette toute première démonstration de la sensibilité olfactive à l’odeur du café ouvre la voie à de nouvelles thérapies possibles, par aversion par exemple, pour traiter les patients dépendants à certaines substances ayant une odeur bien spécifique, comme le tabac et le cannabis.

 

L’auteur principal, le Dr Lorenzo Stafford, expert olfactif au département de psychologie de l'Université de Portsmouth résume son constat : « plus sa consommation de caféine est élevée, plus le consommateur reconnait rapidement l’odeur du café. Ces consommateurs de caféine sont ainsi capables de détecter l’odeur d’un produit chimique fortement dilué dans du café à des concentrations beaucoup plus basses, et cette capacité augmente avec leur dépendance. Ainsi, plus ils désirent de la caféine, plus leur odorat semble développé pour le café ».

L’odeur, un stimulus reconnu mais aussi un marqueur de dépendance

L’équipe a regardé, à travers 2 expériences, s’il existait des différences dans la capacité des personnes à sentir et à réagir aux odeurs de café, selon l’importance et la régularité de leur consommation. Les résultats indiquent clairement un lien, les grands buveurs de café étant plus sensibles à l'odeur du café.

  • Dans la première expérience, 62 hommes et femmes ont été répartis en non-consommateurs, consommateurs modérés (1 à 3,5 tasses de café par jour) et en gros consommateurs (> 4 tasses de café par jour). Chaque participant avait les yeux bandés et, pour tester sa sensibilité à l'odeur de café, devait reconnaître des arômes très légers de café vs d’autres odeurs. Ils devaient identifier le plus rapidement l’arôme du café. Les consommateurs les plus assidus sont en mesure d'identifier le café à des concentrations plus faibles et avec une plus grande rapidité. Chaque participant ayant renseigné préalablement par questionnaire sa consommation de café, l’analyse confirme un lien entre ces données, la précision et la rapidité de la reconnaissance de l’arôme et son envie de café. Ce besoin accru ou dépendance, s’avère donc également lié à une plus grande sensibilité du test de détection des odeurs.
  • Dans une deuxième expérience, 32 autres participants, répartis en consommateurs et non-consommateurs ont passé le même test de détection des odeurs de café. Ce second groupe confirme les résultats du premier.

 

Les chercheurs savent déjà que les signaux olfactifs (par exemple, l'odeur de l'alcool) peuvent provoquer un état de manque chez les utilisateurs de substances. Cette étude montre, pour la première fois, que cette sensibilité olfactive est un marquer du degré d’addiction : ses résultats suggèrent en effet que des changements dans la capacité de détecter les signaux olfactifs d’une substance constituent un indice utile de la dépendance.

Les résultats suggèrent donc que la sensibilité olfactive est liée de manière dose-dépendante au degré d’addiction à la substance. C’est donc un marqueur plutôt simple de l’état de dépendance mais également un stimulus utilisable pour mettre fin à certains comportements addictifs comme la dépendance au tabac ou la dépendance au cannabis.

 

Car de précédentes recherches ont montré l’efficacité des thérapies par aversion, qui consistent à former les patients à associer une odeur à quelque chose de désagréable pour les induire à développer une aversion à l’odeur en question et donc à la substance associée.


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