COVID-19 : Pic épidémique, pic de pression artérielle
Cette étude financée par les National Heart, Lung, and Blood Institute (NHLBI/NIH) et menée au Cedars-Sinai Medical Center (Los Angeles), montre que les niveaux de pression artérielle ont augmenté pendant la pandémie, mais que les nouvelles procédures mises en œuvre comme la télémédecine et la surveillance à domicile ont contribué à atténuer l'impact du COVID sur les niveaux de pression artérielle. Ces données, présentées dans la revue Hypertension, plaident aussi pour le développement de la télésurveillance, particulièrement adaptée au contrôle de la pression à distance.
L'hypertension artérielle (HTA) touche plus d'un milliard de personnes dans le monde. Un mauvais contrôle de la pression artérielle est un facteur aujourd’hui bien démontré de risque de maladie cardiovasculaire, notamment de crise cardiaque et d'accident vasculaire cérébral (AVC), ainsi qu'un facteur de risque de sévérité et de complications du COVID-19.
L’étude qui a analysé les données de 3 grands systèmes de santé américains ajoutent aux preuves croissantes que le contrôle de la pression artérielle s'est fortement détérioré chez les personnes souffrant d'hypertension au cours de la période. Cependant, les alternatives aux consultations physiques ont limité les dégâts.
Le contrôle de la pression artérielle en population reste un défi permanent
Ainsi, seule une personne sur 4 souffrant d'HTA contrôle régulièrement sa pression artérielle et la pandémie de COVID-19 a retardé ses demandes ou renouvellements de prescriptions et les consultations, ces reports ayant eu un impact cardiovasculaire certain.
L'étude a examiné les dossiers de données électroniques de 137.593 adultes souffrant d’HTA et comparé les données de pression artérielle avant la pandémie (août 2018 à janvier 2020) à celles recueillies lors du pic d’avril 2020 à janvier 2021. Les participants étaient âgés de 66 ans en moyenne, à 57 % des femmes. L’analyse révèle que :
- le nombre de mesures de pression artérielle prises par les patients a considérablement diminué au cours des 3 premiers mois de la pandémie et de jusqu'à 90% par rapport à avant ;
- si la fréquence des mesures a ensuite repris progressivement, le nombre total de contrôles à la fin de la période d'étude est resté inférieur aux niveaux prépandémiques. Cela s’explique bien évidemment par le report de nombreuses consultations ;
- la pression systolique des patients (le chiffre du haut) a augmenté en moyenne de 1,79 mmHg ;
- la pression diastolique de 1,30 mmHg ;
- bien que ces écarts puissent sembler faibles, une augmentation de la pression artérielle de seulement 2 mmHg peut augmenter le risque d'événements cardiovasculaires majeurs de 5 %.
Mais, en fait, les auteurs se déclarent plutôt soulagés : « nous nous attendions à un contrôle de la pression artérielle bien pire en raison de réduction drastique de l'activité physique, du stress, du manque de sommeil et d'autres facteurs de risque cardiovasculaire qui se sont aggravés pendant la pandémie » commente l’auteur principal, le Dr Hiroshi Gotanda, professeur de médecine interne au Cedars-Sinai.
La télémédecine et la télésurveillance ont limité les dégâts : l’expérience de la pandémie a montré que ces technologies sont particulièrement adaptées au contrôle de la pression artérielle, chez les patients risque ou à antécédents d’événements cardiovasculaires.
Il s’agira néanmoins, via un suivi de plus long terme, de préciser les effets possibles de ces légères augmentations de la pression artérielle sur les résultats de santé cardiovasculaire.
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