MALADIE COELIAQUE et complications cardiovasculaires : la faute au régime sans gluten ?
Cette équipe de l’Université d’Oxford révèle un risque accru de maladie cardiovasculaire chez les personnes atteintes de la maladie cœliaque, même si, a priori, ces personnes semblent présenter moins de risques connus de la maladie. L’étude, publiée dans le BMJ Medicine, appelle à mener d’autres recherches afin d’identifier les processus sous-jacents à ce risque cardiovasculaire. La question posée est : Serait-ce en raison du régime même sans gluten ?
La prévalence de la maladie cœliaque, une maladie auto-immune causée par une réaction exagérée au gluten, une protéine alimentaire présente dans le blé, l'orge et le seigle est estimée à environ 1 % en population générale. La maladie est plus fréquente chez les femmes et est généralement diagnostiquée dans l'enfance et l'adolescence ou entre les âges de 40 et 60 ans.
Cette étude suggère que si les personnes atteintes de la maladie cœliaque ont moins de facteurs de risque connus de maladie cardiovasculaire, elles conservent un risque sous-jacent élevé de la développer. Le régime sans gluten, nécessaire à éviter ou soulager les symptômes, pourrait être en cause dans ce risque accru, suggèrent les chercheurs britanniques.
Maladie cœliaque et risque accru de maladie cardiovasculaire, des preuves jusque-là mitigées
Les précédentes études n’ont en effet apporté que des preuves mitigées de l’association et d’une manière générale, peu de recherches ont regardé, en cas de maladie cœliaque et de régime sans gluten, la prévalence des facteurs de risque cardiovasculaire traditionnels, tels que la pression artérielle ou le cholestérol.
Le rôle des facteurs de risque cardiovasculaire traditionnels : afin de déterminer s’ils jouent également un rôle en l’espèce, l’équipe analyse ici les données médicales fournies par les participants à la UK Biobank qui comprend au total environ un demi-million de personnes âgées de 40 à 69 ans résidant en Angleterre, en Écosse et au Pays de Galles.
2.083 participants souffraient de maladie cœliaque mais pas de maladie cardiovasculaire à l’inclusion. Leur santé cardiovasculaire a été surveillée durant une durée de suivi de 12 ans en moyenne. L’analyse révèle que :
- les personnes atteintes de maladie cœliaque sont plus susceptibles d'être des femmes, d'origine ethnique blanche ;
- au cours du suivi, 40.687 diagnostics de maladies cardiovasculaires ont été enregistrés parmi tous les participants de la UK Biobank ;
- 218 concernaient des personnes atteintes de la maladie cœliaque, ce qui équivaut à un taux annuel de 9 personnes sur 1.000, vs 7,4/1 000 chez les personnes ne souffrant ps d’intolérance au gluten ;
- en d’autres termes, cela équivaut à un risque accru de 27 % de maladie cardiovasculaire chez les personnes atteintes de la maladie cœliaque vs les personnes exemptes de la maladie, après prise en des facteurs de confusion possibles (mode de vie, résultats de santé et antécédents de maladies cardiovasculaires) ;
- le risque cardiovasculaire augmente avec l’antériorité de la condition, jusqu'à un risque accru de 30% chez les personnes atteintes depuis moins de 10 ans à 34% chez les personnes atteintes depuis 10 ans ou plus.
Et pourtant, les personnes atteintes de la maladie cœliaque présentent moins de facteurs de risque connus de maladie cardiovasculaire (dont le surpoids ou l'obésité, une pression artérielle systolique élevée, des antécédents de tabagisme et un taux de cholestérol élevé);
- elles sont plus susceptibles d’avoir un IMC et une pression artérielle systolique inférieurs ;
- ces participants sont en somme plus susceptibles d'avoir un score de risque cardiovasculaire dit idéal (23% contre 14%), et moins susceptibles d'avoir un score de risque médiocre (5% contre 9%) !
- Enfin, le risque cardiovasculaire augmente de plus de 60 % chez les personnes atteintes de la maladie cœliaque et qui ont un score de risque cardiovasculaire « idéal ».
Cette étude observationnelle qui n’établit donc pas de relation de cause à effet suggère néanmoins fortement une association entre la maladie cœliaque et un risque d’événements cardiovasculaires accrus, en dépit de l’absence, chez ce groupe de patients, facteurs ou de scores de risque cardiovasculaires évidents.
Alors, le régime sans gluten en cause ? Certes, un certain nombre de maladies auto-immunes sont associées à un risque accru de maladie cardiovasculaire en raison d'une inflammation systémique. Cependant, les facteurs alimentaires pourraient également jouer un rôle clé. Cependant, sur ce point du régime avec ou sans gluten, les études sont mitigées : de précédentes études ont en effet suggéré qu'un régime sans gluten pourrait réduire l'inflammation et donc le risque de maladie cardiovasculaire, d'autres études indiquent que ce régime pourrait en fait augmenter le risque.
On retiendra donc qu’une complication possible de la maladie cœliaque peut être ce risque cardiovasculaire silencieux, mais il faudra mener de nouvelle recherches pour élucider les mécanismes en cause. Avec une question centrale :
« Le régime sans gluten lui-même contribue-t-il au risque cardiovasculaire accru identifié ? ».
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