COVID et PRÉÉCLAMPSIE, une corrélation troublante chez les femmes enceintes
Ces nouvelles recherches, menées par des équipes de gynécologues, virologues et cardiologues de la São Paulo Research Foundation (FAPESP) et du Baylor College of Medicine (Houston) viennent confirmer une association déjà évoquée, entre la prééclampsie et les formes graves de COVID chez les femmes enceintes. Ces travaux, publiés dans l’American Journal of Reproductive Immunology, non seulement confirment et précisent la relation entre ces 2 pathologies, COVID et prééclampsie, mais identifient de précieux biomarqueurs qui vont aider les cliniciens à établir un diagnostic différentiel.
Pendant la pandémie, surtout avant que les vaccins ne soient disponibles, avait déjà été signalée cette corrélation possible entre les cas graves de COVID chez les femmes enceintes et la prééclampsie, une pathologie caractérisée par une pression artérielle élevée (hypertension) et des niveaux élevés de protéines dans ses urines (protéinurie). Une condition qui doit être rapidement prise en charge car elle peut entraîner des complications dangereuses pour la mère et le bébé. La prééclampsie était alors plus fréquente chez les femmes enceintes infectées par le SARS-CoV-2 et associée à un risque encore accru de complications et de décès.
Le diagnostic différentiel, un enjeu clinique majeur
Les chercheurs insistent sur l’importance de ce diagnostic différentiel, car si la prééclampsie gestationnelle, plus fréquente au troisième trimestre, augmente en elle-même le risque d’insuffisance rénale et hépatique, ainsi que de dysfonctionnement placentaire et d’hypertension artérielle (HTA), un COVID sévère « en plus » augmente encore ces risques, en raison de l’inflammation exacerbée provoquée par le virus.
De plus, les protocoles de traitement des 2 pathologies sont différents :
- dans le cas de la prééclampsie, la grossesse doit être interrompue et le bébé accouché le plus tôt possible par césarienne ;
- en cas de COVID-19, la grossesse peut se poursuivre, avec un soutien clinique jusqu’à ce que l’infection soit sous contrôle.
L’étude, une revue de la littérature scientifique publiée sur le sujet souligne les similitudes physiopathologiques entre la prééclampsie et le COVID, soit :
- des voies communes impliquant le système rénine-angiotensine (un système hormonal qui joue un rôle clé dans la régulation de la pression artérielle et de l’équilibre hydrique dans le corps) ;
- le rôle clé de l’enzyme de conversion de l’angiotensine 2 (ACE2), le récepteur auquel le SARS-CoV-2 se lie pour infecter les cellules humaines.
Des biomarqueurs identifiés pour un diagnostic différentiel : des recherches de la même équipe identifient des biomarqueurs qui distinguent la prééclampsie du COVID sévère chez les femmes enceintes.
L’auteur principal, le Dr Maria Laura Costa do Nascimento, professeur d’obstétrique à l’UNICAMP, relève que : « les 2 conditions présentent en effet de nombreuses similitudes. Le COVID et la prééclampsie peuvent tous deux impliquer un dysfonctionnement de plusieurs organes et une hypertension artérielle. Il existe également des similitudes dans les mécanismes, car l’ACE2 joue un rôle clé dans la régulation de la pression artérielle.
Il est donc probable que le COVID-19 augmente le risque de prééclampsie,
comme l’ont déjà suggéré plusieurs études qui indiquent une fréquence plus élevée de prééclampsie chez les patientes atteintes du COVID ».
Enfin, si l’augmentation de la mortalité maternelle pendant la pandémie ne peut pas être totalement imputée à l’augmentation des cas de prééclampsie, il est clair que le risque de décès ou de maladie grave augmente lorsque les 2 conditions sont simultanément présentes.
L’étude confirme que la prévalence de la prééclampsie est accrue chez les patientes atteintes de COVID-19 et appelle à rechercher un COVID en cas de biomarqueurs connus de prééclampsie.
Autres actualités sur le même thème
HPV : Pourquoi ne pas le dépister à la maison ?
Actualité publiée il y a 1 année 6 moisGÉNÉRATION 100 : Plus d’exercice physique intense, plus de vie en bonne santé
Actualité publiée il y a 4 années 3 moisIVG : L'existence d'un lien intergénérationnel
Actualité publiée il y a 6 années 12 moisARTÉRIOPATHIE : Pour les hommes, l’exercice plutôt que la testostérone
Actualité publiée il y a 3 années 11 mois