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DÉPRESSION POST-PARTUM : Apprendre à la mère à construire un lien avec son bébé

Actualité publiée il y a 1 année 1 mois 2 semaines
ECNP et Neuroscience Applied
Apprendre aux futures mamans à créer des liens avec leur bébé, c’est possible et souhaitable chez les femmes enceintes, plus à risque de dépression ou de trouble émotionnel (Visuel Adobe Stock 118051710)

Apprendre aux futures mamans à créer des liens avec leur bébé, c’est possible et souhaitable chez les femmes enceintes, plus à risque de dépression ou de trouble émotionnel. Cette équipe du Centre psychiatrique de Copenhague-NEAD (Copenhague) a mis en œuvre un protocole « de contrôle émotionnel », documenté dans la revue Neuroscience Applied et qu’elle présente lors du 36è Congrès de l’European College of Neuropsychopharmacology (ECNP).

 

Rien qu’en Europe, soit sur environ 4 millions de naissances chaque année, plus d’un million de mères et de bébés ont des problèmes de lien affectif. Jusqu’à un tiers des mères ne parviennent pas à établir les bons liens avec leur bébé après la naissance, ce qui provoque une détresse émotionnelle intense tant chez la mère que chez le bébé. Cette absence de lien est fréquemment associée à la dépression post-partum qui touche environ 15 % des jeunes mères.

 

L’absence de liens mère-enfant peut avoir de graves conséquences sur la mère, l’enfant et les familles. Les enfants peuvent avoir des difficultés à développer des attachements sûrs plus tard dans la vie. Une mère peut avoir du mal à créer ce lien avec son enfant, pour différentes raisons, dont des facteurs hormonaux, le stress ou des traumatismes passés. Cela peut conduire à un sentiment de honte ou d’inadéquation, de nombreuses mères refusant aussi de reconnaître leurs difficultés. De nombreuses mères réagissent en se fermant émotionnellement ou par le déni.

 

Cette équipe de psychiatres et psychologues montre qu’il est possible « d’entraîner » ces femmes, avant la naissance, à mieux reconnaître et réguler leurs émotions et de réduire ainsi leur risque de dépression post-partum.

 

De nombreuses études ont suggéré qu’en dépit du bonheur futur de la naissance, certaines femmes enceintes ont tendance, durant leur grossesse, à percevoir principalement des émotions négatives à l'égard de leur bébé. L’étude révèle que ces futures mères regardent les bébés en les imaginant à tort en détresse ou malheureux, ou en cas de détresse réelle d’un enfant, sont émotionnellement incapables d’y faire face. Les chercheurs ont donc regardé s’il était possible de former ces futures mamans de manière à dissiper, durant leur grossesse, leurs préjugés négatifs et leurs inquiétudes et à

mieux les préparer à la maternité.

L'étude, de validation de principe de ce soutien à la maternité, est menée auprès de 45 femmes enceintes suivies dans les hôpitaux de Copenhague. 23 participantes présentaient un risque élevé de dépression post-partum et d’absence de lien avec leur enfant. 22 autres participantes n’avaient aucun antécédent de dépression ont été considérées comme des témoins, ne présentant qu’un faible risque. Toutes les participantes ont été évaluées à l’inclusion afin d’évaluer leurs réactions possibles à différentes « émotions du bébé ». Les participantes à risque élevé ont ensuite suivi une série de séances de formation sur ordinateur visant à les aider à faire face à des émotions ou des situations difficiles pour le bébé. 2 semaines plus tard, les participantes ont été réévaluées. La formation avait notamment pour objectif d’amener les futures mamans inquiètes à se concentrer sur la façon dont le bébé s'exprime réellement et pas sur ce qu'elles pensent percevoir, puis à réagir de manière appropriée. Ces femmes devaient parvenir à reconnaître avec précision l'émotion manifestée par un bébé. L’expérience montre que :

 

  • à l’issue de la formation, les participantes du groupe à risque étaient nettement plus susceptibles de reconnaître un bébé heureux, d’adopter elles-mêmes des expressions faciales plus heureuses et de mieux réagir en cas de détresse du nourrisson.
  • leurs perceptions concernant les expressions faciales des nourrissons avaient changé de manière significative : cette perception est devenue globalement plus positive, marquant un glissement de 5 % vers une perception positive sur l’échelle de notation ;
  • les participantes ayant le plus évolué vers cette perception plus positive sont aussi celles qui ont développé le moins de signes de dépression 6 mois après l’accouchement.

 

Il semble donc possible « d’entraîner » les futures mamans à être plus sensibles aux signes de bonheur du bébé et plus responsables face à la détresse du bébé. Cette thérapie semble permettre -également- de réduire le risque de dépression post-partum. Cela profite non seulement à la mère, mais contribue également à un développement émotionnel plus sain du bébé.

 

L’équipe débute actuellement un essai plus vaste, qui inclura un groupe témoin.

 « La dépression post-partum est une maladie grave qui affecte non seulement la mère, mais aussi son enfant. Cette étude prometteuse souligne non seulement l’importance du lien mère-enfant précoce, mais elle apprend également aux femmes enceintes à risque à mieux reconnaître les émotions positives chez les bébés.

Renforcer une interaction mère-bébé positive pourrait également prévenir la dépression post-partum ».


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