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DOULEUR : Femmes et hommes, elle n’est pas idem dans le cerveau

Actualité publiée il y a 4 mois 1 semaine 14 heures
Brain
L'étude apporte les premières preuves de différences entre les sexes dans « la production de la douleur » (Visuel Adobe Stock 108526155)

Cette étude de neurologues de l’Université de l’Arizona apporte les premières preuves de différences entre les sexes dans « la production de la douleur » : si de précédentes recherches ont suggéré que les hommes et les femmes diffèrent dans leur expérience de la douleur, on ignorait jusque-là pourquoi. Ces travaux, publiés dans la revue Brain, décryptent ces différences fonctionnelles selon le sexe, et soutiennent une médecine de précision de la douleur.

 

Ces toutes nouvelles données soutiennent en effet la mise en œuvre d’une approche ciblée en fonction du sexe du patient, un facteur qui se révèle fondamental dans le choix de la prise en charge des douleurs.

 

L’un des auteurs principaux, le Dr Frank Porreca, directeur de recherche du Comprehensive Center for Pain & Addiction à l'UArizona Health Sciences, ajoute : « D'un point de vue conceptuel, nos travaux constituent une avancée majeure dans la compréhension de la manière dont la douleur peut être produite chez les hommes et les femmes. Ces résultats sont étonnamment cohérents et soutiennent la conclusion remarquable selon laquelle les nocicepteurs, les éléments fondamentaux de la douleur, sont différents chez les hommes et les femmes ».

Traiter la douleur spécifiquement et mieux -en fonction des nocicepteurs

L’étude est centrée sur l'excitabilité des cellules nociceptrices situées près de la moelle épinière dans le ganglion de la racine dorsale. Les nocicepteurs, lorsqu'ils sont activés par une lésion ou une blessure, envoient un signal via la moelle épinière au cerveau qui entraîne la perception de la douleur. Les nocicepteurs sont également adaptables dans leur réponse aux blessures.

 

Exemple : toucher une cuisinière chaude est un stimulus de haute intensité, tandis que le col d'une chemise frottant un coup de soleil est de faible intensité, mais ces 2 stimuli produisent une forme de de douleur. Les analgésiques, y compris les anti-inflammatoires non stéroïdiens tels que l'ibuprofène, agissent en normalisant le seuil d'activation des nocicepteurs, bloquant ainsi la douleur produite par des stimuli de faible intensité.

 

Les scientifiques utilisent ici 2 substances – la prolactine et l’orexine B – pour leur étude. La prolactine est une hormone responsable de la lactation et du développement du tissu mammaire ; L'orexine est un neurotransmetteur qui aide à rester éveillé. Cependant, la prolactine et l’orexine ont toutes deux de nombreuses autres fonctions qui viennent seulement d’être révélées. L’équipe utilise des échantillons de tissus provenant de souris mâles et femelles, de primates non humains, ainsi que des tissus d’humains pour tester l’effet de la prolactine et de l’orexine B sur les seuils d’activation des nocicepteurs qui peuvent permettre à des stimuli de faible intensité de produire de la douleur. Ces expériences révèlent que :

 

  • chez les hommes et les femmes-ou les mâles et les femelles-– ce qui modifie les seuils des nocicepteurs peut être complètement différent ;
  • l’exposition à des substances sensibilisantes qui abaissent ces seuils d’activation de la douleur a des effets différents selon le sexe ;
  • la prolactine sensibilise uniquement les cellules femelles et non les cellules mâles,
  • l’orexine B sensibilise uniquement les cellules mâles et non les cellules femelles ;
  • il existe donc des nocicepteurs masculins et des nocicepteurs féminins.

  • Cette différence n’avait jamais auparavant mise en évidence.
  • le blocage de la signalisation de la prolactine et de l'orexine B induit un effet différent sur le seuil d'activation des nocicepteurs :
  • le blocage de la signalisation de la prolactine réduit l'activation des nocicepteurs chez les femmes mais n'a eu aucun effet chez les hommes,
  • le blocage de la signalisation de l'orexine B est efficace chez les hommes mais pas chez les femmes.
  • En conclusion, les mécanismes fondamentaux sous-jacents qui entraînent la perception de la douleur sont différents chez « mâles et femelles ».

 

Quelle implication ? Ces premières données expérimentales suggèrent de « s’attaquer » différemment à la douleur, chez les femmes et chez les hommes. Avec de nouvelles pistes thérapeutiques : la prévention de la sensibilisation des nocicepteurs induite par la prolactine chez les femmes pourrait représenter une approche viable pour le traitement des troubles douloureux prédominants chez les femmes, tandis que le ciblage de la sensibilisation induite par l'orexine B pourrait améliorer le traitement des affections douloureuses associées à l'activation des nocicepteurs chez les hommes.

 

« Nous appliquons à la prise en charge de la douleur le concept de médecine de précision – prenant en compte la génétique d'un patient. La différence génétique la plus fondamentale étant la suivante : le patient est-il un homme ou une femme ? Peut-être que cela devrait être la première considération lorsqu’il s’agit de traiter la douleur ».

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