ÉVALUATION de la DOULEUR chez le NOURRISSON : Sommes-nous démunis ?

Cette nouvelle revue Cochrane révèle en effet des lacunes importantes dans les échelles d'évaluation clinique utilisées pour évaluer la douleur chez les nouveau-nés. Elle souligne le besoin urgent d'outils améliorés et d'une collaboration internationale pour y parvenir. L’analyse met en avant la grande faiblesse des preuves de précision des outils de mesure existants.
Mesurer la douleur chez les nouveau-nés est, à l’évidence, particulièrement plus complexe que chez les adultes. Les limitations des échelles peuvent conduire à une surestimation ou une sous-estimation de la douleur, entraînant une sédation inutile ou une douleur insuffisamment traitée, et compromettre la sécurité du nourrisson par des effets secondaires, comme les symptômes de sevrage ou un inconfort prolongé.
L’évaluation précise de la douleur chez les nouveau-nés est d’une importance cruciale, en particulier en unité de soins intensifs néonatals (USIN) où le bébé subit de nombreux gestes techniques et douloureux. Ainsi, les chercheurs rappellent que :
6 à 9 % des nouveau-nés doivent être admis en USIN en raison d'une maladie ou d'une prématurité.
Ces nourrissons subissent quotidiennement de multiples interventions douloureuses, ce qui peut entraîner des effets négatifs à long terme. De ce fait, des outils fiables pour faciliter l'évaluation de la douleur sont essentiels.
Cependant, cet examen de la littérature révèle qu'aucune des échelles disponibles ne s'appuie sur des preuves de haute qualité ni sur des méthodologies suffisamment rigoureuses pour confirmer leur validité et leur fiabilité en pratique clinique.
Ainsi, l'évaluation et la prise en charge de la douleur néonatale représentent toujours aujourd’hui un défi pour les personnels soignants du monde entier en dépit des plus de 40 échelles d'évaluation développées et utilisées pour évaluer les différents paramètres et types de douleur chez le petit enfant.
Plus de 40 échelles d'évaluation utilisées dans le monde
L’analyse de 79 études portant sur plus de 7.000 nourrissons de 26 pays et 27 échelles d'évaluation clinique différentes, révèle que :
- toutes ces échelles d'évaluation ne sont étayées que par des preuves de très faible qualité ;
- cela suggère une limite majeure quant à leur efficacité et leur applicabilité clinique ;
- plus de 70 % de ces échelles d'évaluation n’intègrent pas certaines caractéristiques de douleur pourtant majeures ou un mode d’analyse et de validation rigoureux.
« Pourtant ces 2 facteurs sont essentiels lors du choix d'un instrument de mesure », explique l’un des experts, Kenneth Färnqvist, physiothérapeute et chercheur en médecine et de chirurgie moléculaires à l'Institut Karolinska (Suède).
Un autre expert, le Dr Roger F. Soll, professeur de néonatalogie à l'Université du Vermont, conclut : « Compte tenu de l'incertitude mise en évidence par cette revue, les personnels soignants devrait éviter de se fier excessivement aux échelles d'évaluation actuelles et s'efforcer plutôt de réduire autant que possible les procédures douloureuses chez ce groupe de patients extrêmement vulnérable ».
Ensemble, les auteurs appellent à une collaboration internationale pour améliorer l'évaluation de la douleur chez le nourrisson, avec le développement d’une échelle rigoureusement validée, qui réponde à tous les critères nécessaires avant sa mise en œuvre en recherche et en clinique.
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