EXERCICE MÉDICAL : La personnalisation des soins passe par la pluridisciplinarité
L’exercice des médecins devrait se recentrer sur les soins personnalisés et non sur des tâches transactionnelles, plaide cet article d’opinion, d’experts de l’Université de Californie Los Angeles (UCLA). Cette nouvelle vision ou évolution du rôle des médecins, présentée dans les Annals of Family Medicine, implique également des changements dans la formation médicale, le mode d’exercice et l’organisation de la prestation, les outils technologiques mis à disposition et dans la politique de santé, bien sûr. Et cet exercice médical, plus personnalisé autour du patient, nécessite enfin le développement du travail en équipe, la coordination pluridisciplinaire et la délégation de tâches, en particulier de ces tâches « transactionnelles ». On comprend, à la lecture de ces arguments tout l’intérêt des maisons et des pôles de santé pluridisciplinaires.
Cette opinion d’experts soutient que ce transfert des rôles des médecins, des tâches transactionnelles vers des soins mieux personnalisés, servirait mieux les patients, les médecins et la société. Par aspects transactionnels des soins, les chercheurs entendent les tâches de collecte et de saisie de données patients, l'éducation thérapeutiques des patients (ETP) et la fourniture de soins préventifs. L’idée générale est que ces tâches devraient être déléguées à d'autres professionnels de santé pour les centres de soins pluridisciplinaires, ou à d’autres membres de l'équipe de soins en institution. Le rôle principal du médecin serait prioritairement de diagnostiquer et d’aider les patients à atteindre leurs buts et objectifs personnels de santé, grâce à des soins mieux personnalisés.
En abandonnant ces tâches transactionnelles, les médecins peuvent se consacrer aux aspects « personnalisés » des soins de santé : il s’agit, entre autres responsabilités de,
- synthétiser, pour chaque patient, les données provenant de sources diverses et souvent discordantes ; juger des besoins combinés fréquemment liés à plusieurs conditions ou comorbidités;
- ajuster le plan et le parcours de soin en fonction des préférences, des contraintes et des objectifs personnels du patient ;
- collaborer avec les collègues de différentes professions ou spécialités pour mutualiser les soins du patient ;
- poser le diagnostic et instaurer des traitements efficaces, en prenant en compte l’option « optimale » pour chaque patient, c’est-à-dire en conciliant les objectifs des patients avec les réalités médicales dans un environnement de soins de santé complexe et fragmenté.
Aspects transactionnels vs aspects personnalisés des soins, une ligne directrice : En effet, dans cette optique de prise en charge personnalisée, les médecins peuvent avoir besoin d'effectuer certaines fonctions transactionnelles qui impliquent une prise de décision partagée (ex : dépistage du cancer de la prostate). Cependant, ce concept « superficiel » qui consiste à distinguer les fonctions transactionnelles des soins personnalisés permet de fixer un cadre théorique pour l’organisation des soins de santé et pour déterminer si telle tâche relève principalement de la responsabilité du médecin. Se pose alors la question de la délégation de tâches, parfois plus sensible chez le médecin, et plus facilement mise en œuvre par de nombreuses autres professionnels, comme les infirmiers, les pharmaciens et les kinésithérapeutes qui délèguent maintenant couramment certaines tâches aux Assistantes médicales.
Des changements sont nécessaires à tous les niveaux pour permettre cette évolution : il faut revoir la formation médicale, les modes d’exercice, les logiciels, les modes de rémunération, soulignent les auteurs. En particulier, l’accent doit être mis, en matière de formation, sur la communication orale et écrite, la détermination des objectifs personnels en matière d’exercice, la collaboration pluridisciplinaire...
Des soins en équipe et en collaboration avec d'autres professionnels de santé : le médecin devra s’entourer, dans cette transition, de compétences complémentaires et devra « se prêter » à la délégation de tâches. « Trop souvent, les soins en équipe sont compromis parce que les médecins ne peuvent pas ou ne partagent pas certains aspects des soins avec d'autres professionnels en raison d'obstacles culturels, organisationnels, réglementaires ou technologiques », écrivent les auteurs. Enfin, les médecins doivent développer aussi ces compétences en leadership qui vont permettre de mieux motiver les équipes. Enfin, cette réflexion ne pouvait pas ne pas aborder l’évolution concomitante des organisations de soins de santé, vers des structures pluridisciplinaires, de telle manière que les médecins puissent se concentrer sur les aspects personnalisés des soins.
Les logiciels de gestion et les politiques doivent être développés pour promouvoir le travail d'équipe, en facilitant les tâches transactionnelles administratives comme la facturation, le codage, la saisie des commandes et les tâches de documentation.
Autres actualités sur le même thème
HÔPITAL : Chaque jour d’hospitalisation c’est 3% en plus de risque de réadmission
Actualité publiée il y a 6 années 2 semainesCOVID-19 : Les généralistes éreintés par la pandémie
Actualité publiée il y a 2 années 8 moisÉPUISEMENT PROFESSIONNEL : Il prédit un roulement important des cliniciens
Actualité publiée il y a 5 années 9 moisCOVID-19 : Un pic inimaginable de stress pour les médecins et les infirmières
Actualité publiée il y a 4 années 5 mois