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GRIPPE : Le nouveau composé qui bloque le cap-snatching et la réplication du virus

Actualité publiée il y a 1 année 10 mois 3 semaines
Science
Un nouveau composé capable d’inhiber la réplication du virus de la grippe (Visuel Adobe Stock 345096159)

Un nouveau composé capable d’inhiber la réplication du virus de la grippe, c’est le développement de cette équipe de virologues de l'Université de Bonn, présenté dans la revue Science, et qui pourrait changer complètement la donne : il s’agit d’un dérivé d'un produit naturel bactérien qui bloque une protéine impliquée dans le processus de réplication du virus et précisément lors d’une étape critique : le cap-snatching.

 

L'ARN de l'hôte est méthylé par MTr1 en un ARN « cap1 » mature. Pour démarrer sa réplication virale, le virus de la grippe arrache la partie coiffe de l'ARN hôte mature. Les cellules déficientes en MTr1 ou les cellules traitées avec des inhibiteurs de MTr1 ne permettent donc pas la réplication du virus. L’idée est donc bien, avec un inhibiteur de MTr1 dans l'organisme, de limiter la réplication des virus de la grippe.

Les virus utilisent « le répertoire moléculaire » de la cellule hôte pour se répliquer

L’équipe de virologues de l'université de Bonn, en collaboration avec collaborateurs japonais a ainsi identifié un composé qui inhibe la méthyltransférase MTr1 de l'organisme et limite ainsi la réplication des virus de la grippe. Dans cette étude menée in vitro et in vivo, les scientifiques montrent l’efficacité du composé sur des préparations de tissus pulmonaires et sur des souris modèles, avec, de plus, des effets synergiques bénéfiques, en combinaison avec des médicaments antigrippaux déjà approuvés.

 

Explication : pour se répliquer, les virus ont besoin d'une cellule hôte. Lorsqu’ils se lient à la cellule hôte, ils introduisent leur information génétique sous la forme d'acides nucléiques ADN ou ARN. Ces schémas moléculaires sont utilisés dans la cellule hôte pour produire de nouveaux virus. Afin de distinguer les acides nucléiques étrangers de ses propres acides nucléiques, la cellule utilise une sorte de système de marquage. Son ARN propre, par exemple, est étiqueté avec un capuchon moléculaire qui l'identifie comme « non dangereux ». Cela permet au système immunitaire de réagir spécifiquement aux menaces.

 

  • La coiffe moléculaire est un nucléoside méthylé, soit une petite molécule attachée à l'extrémité de la chaîne d'ARN. Marqué de cette manière, l'ARN ne déclenche pas de réponse immunitaire. Cependant, s'il y a de l'ARN dans la cellule qui n'a pas la structure de coiffe, il est reconnu par le récepteur immunitaire RIG-I et le système immunitaire est alerté. Pour y échapper, les virus de la grippe ont développé un mécanisme spécial.
  • Le virus vole la coiffe moléculaire des molécules d'ARN de la cellule hôte et la transfère à son propre ARN.

Un processus appelé « cap-snatching »

  • L'enzyme MTr1 fournit l'ARNm cellulaire avec une structure de coiffe et fonctionne ainsi comme le « marqueur d'acide nucléique » de la cellule. L'équipe montrer ici à quel point les virus de la grippe dépendent de la fonction de l'enzyme MTr1 :
  • Si la fonction de MTr1 est perturbée dans la cellule, il n'y a pas de capuchons disponibles pour le transfert de la coiffe moléculaire des molécules d'ARN de la cellule hôte à l'ARN viral.

 

En réalisant que l'activité de MTr1 est donc essentielle à la réplication du virus de la grippe dans la cellule, en identifiant cet inhibiteur de de MTr1, les scientifiques sont ainsi en mesure d’inhiber la réplication du virus

« Parmi des milliers de candidats, nous avons pu identifier une molécule qui inhibe MTr1 dans des explants pulmonaires humains et également in vivo chez la souris, limitant la réplication de la grippe », conclut l’un des auteurs principaux, le professeur Hiroki Kato, chercheur à l'Université de Bon.

 

L'inhibiteur est un dérivé d'un composé naturel appelé trifluorométhyl tubercidine (TFMT), produit par des bactéries du genre Streptomyces.

 

Ces nouvelles données marquent ainsi une étape cruciale vers le développement de nouveaux traitements contre la grippe, avec de plus, un effet synergique avec les traitements existants.


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