INSUFFISANCE CARDIAQUE : La thérapie cellulaire, progrès ou tribulations ?
La thérapie cellulaire fait partie des pistes très prometteuses de traitement de l'insuffisance et de la crise cardiaque. Cependant, où en est-on ? Cette revue de la littérature scientifique permet une mise à jour de ce que les chercheurs de Université d'Alabama à Birmingham appellent eux-mêmes « les tribulations de la thérapie cellulaire ». Alors que l'insuffisance cardiaque reste responsable de 13 % des décès dans le monde, que la moitié des patients insuffisants cardiaques décèdent dans les 5 ans, aucun de ces traitements n’est encore approuvé même si certains ont montré des effets bénéfiques.
La cause la plus fréquente d’insuffisance cardiaque est le blocage des artères coronaires qui entraîne la mort des cellules du muscle cardiaque ou cardiomyocytes. Elle peut également être liée à des antécédents de crise cardiaque. Lorsque ce tissu musculaire est remplacé par un tissu cicatriciel dense avec peu de circulation sanguine, le cœur blessé perd sa force de contraction, ce qui entraîne une hypertrophie du cœur, une perte progressive de la capacité de pompage, un risque accru d’arythmies ventriculaires et une insuffisance cardiaque clinique terminale.
Ce bilan, qui ne conteste pas les progrès accomplis, souligne que ces nouveaux traitements pour l'insuffisance cardiaque prennent beaucoup de temps, beaucoup trop en regard de la prévalence de la condition, qui dépasse aujourd’hui 3 % de la prévalence mondiale. C’est d’ailleurs le cas des 2 thérapies actuelles visant à réduire la mortalité liée à l’insuffisance cardiaque : les défibrillateurs automatiques implantables et la thérapie médicale basée sur des recommandations, qui ont mis près de 40 années pour être approuvées, mises en œuvre et recommandées.
De la même manière, les nouvelles tentatives de réparation du tissu cicatriciel dans les cœurs à l'aide de thérapies cellulaires et de produits cellulaires nécessitent plus de temps pour aboutir à des utilisations en routine clinique.
20 années d'essais cliniques terminés et en cours, montrent que bien qu’aucun de ces traitements n’ait été approuvé, certains se sont confirmés comme sûrs et certains comme bénéfiques.
C’est ce qui a incité l’auteur principal, le Dr Jianyi « Jay » Zhang, et ses collègues à parler de « tribulations » : « L’histoire du développement de thérapies médicales vitales pour l’insuffisance cardiaque nous donne une leçon mais nous incite à garder espoir ».
Un concept simple, une mise en œuvre complexe
Un concept simple : l’idée qui sous-tend les thérapies cellulaires est d’ajouter ou d’injecter des cellules de remplacement dans la zone cicatricielle pour restaurer le tissu musculaire, alors que peu de temps après la naissance, les cellules musculaires cardiaques humaines perdent leur capacité à se diviser.
Des obstacles multiples : l’analyse de 20 ans de recherche, soit de 13 essais cliniques terminés publiés au cours des 12 dernières années et 10 essais cliniques récemment lancés et en cours, révèle la lenteur du développement de ces thérapies, les obstacles rencontrés, les revers subis.
Des avancées:
- si plusieurs essais randomisés, en double aveugle et multicentriques de phase II ou III soutiennent l’efficacité d’une seule dose de produits cellulaires chez les patients souffrant d’insuffisance cardiaque sous traitement médical optimal,
- les essais en cours empruntent de nouvelles directions ;
- celle de nouveaux types de cellules : cardiomyocytes/sphéroïdes dérivés de cellules souches pluripotentes et cellules souches mésenchymateuses dérivées du cordon ombilical ;
- celle des injections intraveineuses répétées comme méthode d’administration cellulaire non invasive ;
- celle de nouveaux produits cellulaires, tels que des patchs de cardiomyocytes épicardiques artificiels ou même sans cellules : des sécrétomes enrichis en vésicules extracellulaires ou en exosomes.
Cette synthèse suggère que les résultats de ces essais permettront d’affiner notre compréhension de la thérapie cellulaire et des produits cellulaires en tant que nouvelle innovation dans le traitement des patients souffrant d’insuffisance cardiaque.
Elle reconnaît une évolution lente mais constante de la thérapie cellulaire.
Cependant, ses auteurs se déclarent convaincus que la recherche aboutira à une traduction clinique.
« Au cours des 20 dernières années, la thérapie cellulaire s’est confirmée comme une voie prometteuse pour la réparation et la régénération cardiaques. Elle continue de progresser grâce aux enseignements tirés de ces recherches, cependant cette évolution reste très lente ».
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