INTELLIGENCE : Et si la flexibilité était la clé ?
Les propriétés dynamiques du cerveau, ou sa flexibilité caractérisée par la capacité des réseaux neuronaux à évoluer serait la clé ou plus précisément le « moteur » de l'intelligence humaine. Cet article d’opinion, présenté dans la revue Trends in Cognitive sciences, soutient ainsi la théorie que l’évolution du réseau en réponse à des demandes intellectuelles changeantes est le meilleur prédicteur de l'intelligence humaine, une théorie qui tendrait donc à définir l’intelligence comme une super capacité d’adaptation cérébrale.
Il existe de nombreuses théories scientifiques sur l’intelligence humaine, allant de sa localisation dans une zone précise et dévolue du cerveau au métabolisme des neurones ou l'efficacité avec laquelle ils utilisent les ressources essentielles. Cependant, ce n’est pas la première fois que l’intelligence est caractérisée par la flexibilité des réseaux cérébraux. Une récente étude par imagerie avait constaté que la flexibilité qui apporte par une évolution rapide des réseaux cérébraux, la capacité à l’individu de passer d’une tâche à l’autre était négativement corrélée à la modularité ou degré d'interconnectivité entre les différentes aires du cerveau responsables de fonctions spécifiques. Ces deux propriétés cérébrales pourraient en effet expliquer que lorsque quelqu'un se voit confier une tâche complexe, la flexibilité du réseau cérébral détermine ses performances plus que la modularité du réseau. Et que pour une tâche simple, ce serait l'inverse. Déjà, ces chercheurs de Houston, soulignaient que la flexibilité des réseaux du cerveau permettait de décrire les aptitudes cognitives de chacun, les zones du cerveau présentant une plus grande flexibilité étant celles associées au contrôle cognitif et à la fonction exécutive, les processus qui contrôlent le comportement. Cette nouvelle étude associe plus largement la flexibilité à l’intelligence humaine.
Aron Barbey, auteur et professeur de psychologie de l'Université de l'Illinois explique que c’est encore récemment, en neuroscience, que la recherche a tenté de comprendre, au niveau biologique, comment se manifeste l'intelligence, autrement dit quelle est sa signature dans le cerveau. « Cela suppose d'étudier les caractéristiques structurelles et fonctionnelles du cerveau », explique l’auteur. Il reprend ces 2 capacités essentielles, la modularité, caractérisée par différentes zones supportant des capacités spécifiques et la flexibilité qui consiste à combiner ces différentes capacités, classer, conceptualiser et plus largement, traiter cette énorme masse d’information : « au fur et à mesure que le nombre de modules augmente, leur représentation dans le cerveau devient de plus en plus abstraite ».
Comment le cerveau s'organise ? Si le cortex préfrontal soutient plusieurs fonctions supérieures dont la planification et le contrôle du comportement, s’il participe à l'intelligence générale, s’il a d’ailleurs considérablement augmenté au cours de l'évolution humaine, la théorie soutenue ici est que le cerveau tout entier avec les interactions entre les fonctions de niveau inférieur et supérieur participe à l'intelligence générale. Ainsi, les « modules » fournissent les éléments de base à partir desquels sont construits des « réseaux de connections » qui relient plusieurs structures cérébrales de manière à pouvoir les activer ensemble. Ainsi, le réseau frontopariétal est activé lorsque l'attention se focalise sur des signaux externes, le réseau de saillance est activé lorsque l'attention est dirigée vers des événements pertinents et le réseau par défaut prend la relève lorsque l'attention est repliée sur soi (Voir visuel 2).
2 types de connexions soutiennent 2 types de traitement de l'information : l’auteur distingue :
- les voies qui encodent la connaissance et les expériences passées, c’est « l’intelligence cristallisée » (crystallised intelligence) ;
- les capacités de raisonnement adaptatif et de résolution de problèmes liées à cette capacité de flexibilité, c’est « l’intelligence fluide » (Fluid intelligence).
- L'intelligence cristallisée implique des connexions robustes, le résultat de mois ou d'années de trafic sur des réseaux neuronaux très fréquentés.
- L'intelligence fluide implique des voies et connexions transitoires et moins « marquées » qui se forment lorsque le cerveau s'attaque à des problèmes uniques ou inhabituels. Face à ces situations, plutôt que de former des connexions permanentes, le cerveau crée de nouvelles connexions et réorganise sa connectivité en réponse.
La flexibilité serait donc la base de l'intelligence humaine ou de notre capacité à répondre à des situations nouvelles, au-delà de notre capacité d'atteindre facilement des données « cristallisées ». Ainsi, le chercheur explique et soutient que l'intelligence générale ne provient pas d'une seule zone ou d'un seul réseau mais plutôt d’une transition fluide entre les principaux réseau (Visuel 2).
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