MICI : La petite protéine essentielle à la cicatrisation des plaies intestinales
La découverte de cette petite protéine va permettre la conception de nouvelles thérapies pour le traitement des lésions des muqueuses intestinales associées aux maladies inflammatoires chroniques intestinales (MICI). L’équipe de gastro-entérologues de l’Université Case Western Reserve (Cleveland) documente ici, dans la revue Cellular and Molecular Gastroenterology and Hepatology, ces nouvelles propriétés de la protéine Gasdermin B, une protéine qui favorise la réparation des cellules tapissant le tractus gastro-intestinal.
Cet impact de la gasdermine B (GSDMB) sur l'épithélium régénéré, un type de tissu corporel qui tapisse les organes en contact direct avec l'environnement extérieur, pourrait jouer un rôle clé chez les patients atteints de MICI comme la maladie de Crohn et la colite ulcéreuse.
Concevoir de nouvelles thérapies pour améliorer la cicatrisation des plaies
C’est l’objectif sur lequel se concentre l’équipe de Theresa Pizarro, auteur principal et professeur de pathologie expérimentale à l'École de médecine.
Sur la gasdermine B : les gasdermines sont une famille de protéines connues pour provoquer la pyroptose, un type de mort cellulaire généralement déclenché par des infections et une inflammation, en cause dans des conditions telles que la colite ulcéreuse et la maladie de Crohn. La gasdermine B (GSDMB), contrairement aux autres protéines de la famille, ne provoque pas de pyroptose, en particulier dans les cellules épithéliales, mais contribue au contraire à maintenir le tractus gastro-intestinal en bonne santé, une découverte importante pour le développement de futurs traitements thérapeutiques.
Ainsi, de précédentes études ont montré que les porteurs de variations génétiques de Gasdermin B ont un risque accru de développer des troubles inflammatoires comme l'asthme ou les maladies inflammatoires chroniques de l'intestin (MICI).
Les MICI, conséquences fonctionnelles des variantes génétiques de GSDMB : bien que les patients atteints de MICI puissent produire des niveaux plus élevés de GSDMB lorsqu'ils ont des poussées de maladie, la protéine GSDMB produite par les variantes génétiques interfère alors avec la capacité des cellules épithéliales à se régénérer et à former une barrière saine essentielle à la guérison. C’est le cas notamment chez les patients qui développent des ulcères avec la colite ulcéreuse.
L'étude : les scientifiques analysent des biopsies intestinales de patients atteints de la maladie de Crohn et de colite ulcéreuse à l'aide de techniques de pointe, telles que le séquençage d'ARN unicellulaire, CRISPR/Cas9 et les cultures d’organoïdes. Ces différentes analyses confirment :
- des augmentations substantielles de GSDMB dans les biopsies de personnes atteintes de MICI, en particulier de colite ulcéreuse, vs chez des participants en bonne santé ;
- avec des niveaux élevés de GSDMB (non mutée), la croissance de nouvelles cellules ;
- une migration cellulaire importante ;
- une diminution de la dynamique d'adhésion ou une réduction des forces d'attraction entre les cellules et les autres surfaces qui affectent la motilité cellulaire ;
- pris ensemble, ces différents processus favorisent la restauration de la couche épithéliale et une cicatrisation efficace des plaies intestinales.
De futures thérapies ciblant la gasdermine B sont prometteuses, d’autant qu’elles ne seraient pas nécessairement limitées aux MICI ou à d'autres états inflammatoires chroniques du tractus gastro-intestinal.
Ce concept pourrait avoir des implications considérables pour la cicatrisation des poumons, de la peau
et d'autres organes en interface avec le environnement externe nécessitant le maintien d'une barrière épithéliale efficace.
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