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NEURO: La lecture rapide? Des méthodes à l'efficacité mitigée

Actualité publiée il y a 8 années 10 mois 1 semaine
Psychological Science

« Trop beau pour être vrai », expliquent ces psychologues de l'Université de Californie, San Diego. Si les méthodes de lecture rapide se multiplient, en particulier pour répondre aux exigences de traitement des mails, la lecture est un processus cognitif complexe déjà mené en temps normal par le cerveau à toute vitesse, et il n’existe pas de raccourci spectaculaire qui permette de bien comprendre et intégrer des données lues encore plus rapidement. Cet examen de la littérature, présenté dans la revue Psychological Science, montre qu’il n'y a pas de solution miracle : doubler ou tripler sa vitesse de lecture se fait au détriment de la compréhension.

La lecture est une activité psychosensorielle complexe qui fait intervenir différents processus visuels et mentaux. Un lecteur « averti » qui pratique beaucoup va lire, en moyenne, 200 à 400 mots par minute. Les chercheurs avaient ici pour objectif d'apporter une critique éclairée des allégations mises en avant par les entreprises de formation à la lecture rapide. Cette analyse de la littérature révèle un compromis entre la vitesse et la précision : moins de temps passé sur un contenu s'avère bien associé à une moins bonne compréhension. Il n'existe donc pas de solution miracle !


Réduire les mouvements oculaires : Certaines techniques de lecture de vitesse prétendent pouvoir doubler ou tripler cette capacité en réduisant la nécessité de mouvements oculaires par exemple en présentant les mots au centre de l'écran ou en affichant le nouveau mot ou mot suivant à la place du précédent. S'il ne s'agit pas ici de formation mais de technologie pouvant contribuer à une lecture plus raide, les chercheurs précisent que les mouvements oculaires ne pèsent que pour 10% du temps de lecture. C'est ce que nous pouvons gagner au maximum en éliminant la possibilité de revenir en arrière ou de relire, cependant ce gain de temps se fait bien au détriment de la compréhension.

Plus que la vision, la capacité à reconnaître des mots et à comprendre la signification globale des phrases significatives, c'est bien là que la tâche de lecture est la plus complexe mais la plus valorisante. Or les solutions qui mettent l'accent sur l'accélération de l'entrée des données sans apporter une plus grande facilité e compréhension ont une efficacité limitée. L'analyse des études existantes montre que les seules expériences de lecture rapide fonctionnent lorsque le sujet en sait déjà beaucoup sur le type de contenu qu'il est en train de lire et que, sans ces connaissances, il ne se souviendrait que très partiellement et ne serait pas capable de répondre à des questions de fond sur ce qu'il a lu.

La lecture s'effectue néanmoins à vitesse variable car le cerveau a la capacité d'« écrémer » les données de manière efficace, pour le sens, en donnant la priorité aux parties les plus informatives du texte allant parfois jusqu'à ignorer les données étrangères au centre d'intérêt. La lecture rapide devient alors possible donc, mais seulement chez ceux qui sont déjà extrêmement familiers avec le sujet et sont donc en mesure de choisir les points clés rapidement.

La vitesse de lecture, finalement une question de pratique : seule la pratique de la lecture peut en fait réellement conduire à lire plus rapidement, concluent les auteurs : « Une plus grande exposition à l'écriture sous toutes ses formes nous apporte un vocabulaire plus riche, une expérience contextuelle qui peut nous aider à anticiper les mots à venir et à créer ces inférences nécessaires à la signification et donc à la compréhension des mots ou des phrases.

En bref, il n'existe pas de stratégie particulière qui permette de parcourir un roman en quelques minutes ou de traiter sa boîte de réception pleine de mails au cours d'une pause déjeuner.


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