PHOBIE SOCIALE : L'hypothèse d'une cause génétique
Palpitations cardiaques, tremblements et essoufflement, combien d’entre nous n'ont pas connu ces symptômes en public ? Environ une personne sur 10 est en effet affectée par la phobie sociale, une forme d’anxiété, et va éprouver ces symptômes au cours de sa vie. Cette étude de l'Université de Bonn révèle un lien entre la phobie sociale et la sérotonine, un messager chimique du cerveau déjà impliqué dans le sommeil, l’agressivité, ou la dépression. Et en particulier un lien avec un gène qui code pour un transporteur de sérotonine dans le cerveau. Bref, la phobie sociale aurait bien une part de génétique, concluent les chercheurs dans la revue Psychiatric Genetics.
Les phobies sociales font partie des troubles psychiatriques déclenchés simultanément par des facteurs génétiques et environnementaux. Ceux qui en souffrent évitent les grands groupes et les situations où ils vont être exposés au jugement d'autrui. Ces sujets ont donc tendance à mener une vie retirée et à opter plutôt pour les réseaux sociaux. Cet usage intensif a d'ailleurs déjà été associé à l'isolement social. Si ces phobies sont répandues, la recherche reste pauvre sur leurs causes génétiques et, à ce jour, seuls quelques gènes candidats ont été évoqués comme impliqués dans le développement de ces troubles.
Les chercheurs de l'Université de Bonn apportent les preuves qu'un gène est bien lié à ce trouble anxieux : en effet, le gène en question code pour un transporteur de sérotonine dans le cerveau : l'équipe de recherche a étudié l'ADN de 321 patients atteints de phobie sociale et l'a comparé à celui de 804 individus témoins. Les scientifiques se sont concentrés sur les polymorphismes à un seul nucléotide (SNP), des positions variables dans l'ADN qui peuvent exister à divers degrés chez différentes personnes e sont la principale cause des maladies génétiques. Les scientifiques ont étudié au total 24 SNPs déjà plus ou moins suspectés d'être en cause dans le développement des phobies sociales et d'autres troubles mentaux. Par ailleurs, les patients ont renseigné leurs symptômes et la sévérité de leur phobie sociale. Les scientifiques ont ensuite recherché les liens entre ces symptômes et les gènes par modèles statistiques. L'évaluation des données aboutit notamment à un SNP dans le gène SLC6A4 du transporteur de sérotonine.
Or le gène SLC6A4 code pour un mécanisme dans le cerveau impliqué dans le transport de la sérotonine, un messager important qui supprime, entre autres, les sentiments de peur et l'humeur dépressive. Bref, la sérotonine joue un rôle important dans la phobie sociale, explique le Dr Rupert Conrad, auteur principal de l'étude. Les médicaments qui bloquent la recapture de la sérotonine et augmentent la concentration du messager dans le liquide tissulaire dans le cerveau sont d'ailleurs utilisés depuis longtemps pour traiter les troubles anxieux et la dépression.
Vers une étude plus large : les scientifiques qui veulent avancer dans l'identification des liens entre l'ADN et la phobie sociale recherchent aujourd'hui un grand nombre de participants souffrant d'anxiété sociale. Des informations sur l'étude à venir sont disponibles sur www.SocialPhobiaResearch.
March 2017 DOI: 10.1097/YPG.0000000000000171 Further evidence for genetic variation at the serotonin transporter gene SLC6A4 contributing toward anxiety
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