PRESSION ARTÉRIELLE : Attention à son augmentation en position debout
Si la pression artérielle augmente en position debout, il peut y avoir risque de crise cardiaque, souligne cette équipe de cardiologues de l'Université de Padoue (Italie) qui désigne ainsi un nouveau marqueur simple d’infarctus, en particulier chez les adultes jeunes et d'âge moyen souffrant d'hypertension artérielle. Cette augmentation substantielle de la pression artérielle en position debout pourrait permettre d’identifier la survenue possible d'événements cardiovasculaires graves, tels que les crises cardiaques mais aussi l'AVC, soulignent ces conclusions publiées dans Hypertension, une revue de l'American Heart Association.
Environ 40% des personnes dans le monde souffrent d'hypertension artérielle (HTA), considérée comme la principale cause de décès évitable dans le monde. Selon les statistiques 2022 sur les maladies cardiaques de l'American Heart Association, les personnes souffrant d’HTA en milieu de vie sont 5 fois plus susceptibles d'avoir une fonction cognitive altérée et 2 fois plus susceptibles de développer une démence dont la maladie d'Alzheimer.
Cette découverte de ce nouveau marqueur pourrait contribuer à initier plus tôt et plus largement un traitement hypotenseur chez les patients développant une réponse exagérée de la pression artérielle à la position debout, résume l’auteur principal, le Dr Paolo Palatini, professeur de médecine interne à l'Université de Padoue.
La pression artérielle systolique devrait diminuer légèrement lors du passage à la station debout
L'étude : les chercheurs ont évalué si la réponse opposée c’est-à-dire une augmentation significative de la pression artérielle systolique en position debout est un facteur de risque de crise cardiaque et d'autres événements cardiovasculaires graves.
Pour cela, ils ont suivi 1.207 personnes participant à l'étude HARVEST, une étude prospective menée auprès d’adultes âgés de 18 à 45 ans souffrant d’HTA de stade 1 non traitée -l’HTA de stade 1 a été définie comme une tension artérielle systolique de 140-159 mm Hg et/ou une TA diastolique de 90-100 mm Hg-. Les participants étaient naïfs d’antihypertenseurs à l’inclusion, et tous ont été initialement évalués comme à faible risque d'événements cardiovasculaires majeurs en fonction de leur mode de vie et de leurs antécédents médicaux. Au début de l’étude, 6 mesures de la tension artérielle ont été prises pour chaque participant, dans différentes positions, dont la position couchée et juste après le passage en position debout.
- Les 120 participants présentant la plus forte augmentation (top 10 %) de la tension artérielle en position debout ont enregistré une augmentation moyenne de 11,4 mm Hg et toutes les augmentations relevées dans ce groupe étaient supérieures à 6,5 mm Hg ;
- les autres participants restants ont présenté en moyenne une chute de 3,8 mm Hg de la pression artérielle systolique en position debout.
Les chercheurs ont pris en compte les facteurs de risque de maladie cardiaque, les mesures de laboratoire et la survenue d'événements cardiovasculaires majeurs et d'insuffisance rénale chronique chez les participants des 2 groupes. Les résultats ont été ajustés en fonction de l'âge, du sexe, des antécédents parentaux de maladie cardiaque et de plusieurs facteurs liés au mode de vie et mesures prises lors de l'inscription à l'étude.
Au cours d'un suivi moyen de 17 ans, 105 événements cardiovasculaires majeurs ont été recensés. Les plus courants étaient les crises cardiaques, les douleurs thoraciques d'origine cardiaque et les AVC. L’analyse révèle que
- les participants du groupe « 10 % d'augmentation de la tension artérielle en position debout », qui n’avaient pas un profil de risque plus élevé d'événements cardiovasculaires lors de l’évaluation initiale (en dehors de cette réponse exagérée de la tension artérielle à la position debout), présentent
un risque plus que multiplié par 2 d’événement cardiovasculaire majeur ;
- sont plus susceptibles d'être fumeurs (32,1 % vs 19,9 %), mais ont des niveaux de pratique de l’activité physique comparables, ne sont pas plus susceptibles d'être en surpoids ou obèses, et pas plus susceptibles d'avoir des antécédents familiaux de événements cardiovasculaires ;
- ont des taux de cholestérol plus favorables (cholestérol total plus faible et cholestérol HDL plus élevé) ;
- ont une pression artérielle systolique plus basse en position couchée que l'autre groupe (140,5 mm Hg contre 146,0 mm Hg), mais des mesures de la pression artérielle plus élevées sur 24 heures ;
- après ajustement sur la pression artérielle moyenne prise sur 24 heures, une réponse exagérée de la pression artérielle à la position debout reste un facteur prédictif indépendant d'événements cardiaques indésirables ou d'accident vasculaire cérébral.
Ainsi l’analyse confirme l’hypothèse des chercheurs : une augmentation prononcée de la pression artérielle de la position couchée à la position debout est un facteur pronostique chez les jeunes adultes souffrant d'hypertension artérielle.
Stress et pression debout : une sous-analyse sur 630 participants dont les hormones de stress ont été mesurées à partir d'échantillons d'urine, le rapport épinéphrine/créatinine s’avère également plus élevé chez les personnes présentant une augmentation de la tension artérielle en position debout (118,4 nmol/mol contre 77,0 nmol/mol, respectivement). Cela suggère qu’une tension artérielle plus élevée en position debout peut être liée à une réponse sympathique accrue aux facteurs de stress.
En pratique clinique, mesurer la pression artérielle en position debout permettrait de mieux adapter le traitement chez certains patients souffrant d'hypertension artérielle.
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