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RISQUE CARDIOVASCULAIRE : La mauvaise graisse se cache aussi dans les muscles

Actualité publiée il y a 1 semaine 2 jours 10 heures
European Heart Journal
La recherche adopte un nouveau paradigme : celui de « muscles gras » ou chargés de graisse soit celui de la « graisse intramusculaire » une caractéristique qui augmente aussi le risque de maladie cardiaque grave (Visuel Adobe Stock 884334462).

On fait généralement une distinction nette entre la masse musculaire et la masse grasse, prêtant à la première des bénéfices pour la santé, à la seconde des effets indésirables, dont un risque cardiovasculaire accru.  Cette recherche, menée par une équipe de cardiologues du laboratoire de stress cardiaque au Brigham and Women’s Hospital (BWH) et de la Harvard Medical School (Boston), publiée dans l’European Heart Journal, adopte un autre paradigme : celui de « muscles gras » ou chargés de graisse soit celui de la « graisse intramusculaire » une caractéristique qui augmente aussi le risque de maladie cardiaque grave.

 

Certaines personnes ont ainsi des poches de graisse cachées dans les muscles et ces mêmes personnes encourent un risque plus élevé d’hospitalisation et de décès de cause cardiovasculaire. Cela vaut quel que soit leur indice de masse corporelle (IMC). L’auteur principal, le Dr Viviany Taqueti, professeur à la Harvard Medical School, ajoute : « L’obésité est aujourd’hui l’une des plus grandes menaces mondiales pour la santé cardiovasculaire, mais l’indice de masse corporelle – notre principal indicateur pour définir l’obésité et les seuils d’intervention – reste un marqueur controversé et erroné du pronostic cardiovasculaire. Cela est particulièrement vrai chez les femmes, chez qui un IMC élevé peut refléter des types de graisse plus « bénins » ».

Cette graisse « intermusculaire » a jusque-là été peu étudiée,

même si chez l’Homme, c’est bien l’équivalent de la graisse animale (acides gras saturés) prisée dans les entrecôtes, mais déconseillée pour la santé, soulignent les auteurs. Cependant, chez l'Homme, on connaît mal son impact sur la santé. La graisse intermusculaire peut être trouvée dans la plupart des muscles du corps, mais la quantité de graisse peut varier considérablement d’une personne à l’autre.

 

C’est en effet la première recherche à examiner les effets de différents muscles gras et de différents types de graisses en termes de risque cardiaque, pour comprendre comment la composition corporelle peut influencer les petits vaisseaux sanguins ou la « microcirculation » du cœur, ainsi que le risque futur d’insuffisance cardiaque, de crise cardiaque et de décès.

 

L’étude a suivi durant 6 ans 669 patients, âgés en moyenne de 63 ans, à 70 % des femmes, suivis au BWH pour des douleurs thoraciques et/ou un essoufflement, ne présentant a priori aucun signe de maladie coronarienne obstructive (lorsque les artères qui alimentent le cœur sont obstruées). Les participants ont tous passé un PETscan cardiaque afin d’évaluer le fonctionnement du cœur et des tscanners permettant d’évaluer la composition corporelle, les quantités et l’emplacement de la graisse et des muscles dans une partie du torse. Les chercheurs ont enfin calculé le rapport entre la graisse intermusculaire et le total des muscles plus la graisse : cette mesure a été appelée

« la fraction musculaire grasse ».

L’analyse des données au cours du suivi révèle que :

 

  • les participants présentant des quantités plus élevées de graisse stockée dans leurs muscles ont un risque accru de lésions des micro-vaisseaux sanguins qui desservent le cœur (dysfonctionnement microvasculaire coronarien) ;
  • encourent un risque accru d’hospitalisation et de décès de cause cardiaque ;
  • pour chaque augmentation de 1 % de la fraction graisseuse musculaire, le risque de dysfonctionnement microvasculaire coronarien augmente de 2 % et le risque de maladie cardiaque grave future de 7 % ;
  • ces associations valent toujours après prise en compte des facteurs de confusion possibles et de l’IMC ;
  • des niveaux élevés de graisse intermusculaire et des signes de dysfonctionnement microvasculaire coronarien sont associés à un risque particulièrement élevé de décès, de crise cardiaque et d’insuffisance cardiaque ;
  • en revanche, des quantités plus élevées de muscle maigre sont associées à un risque plus faible ;
  • l’analyse confirme également que la graisse stockée sous la peau (graisse sous-cutanée) n’augmente pas ces risques.

 

« Par rapport à la graisse sous-cutanée, la graisse intramusculaire peut contribuer à l’inflammation et à l’altération du métabolisme du glucose, conduire à une résistance à l’insuline et au syndrome métabolique. Ces conditions chroniques endommagent les vaisseaux sanguins, y compris ceux qui alimentent le cœur, et le muscle cardiaque lui-même », expliquent les auteurs.

 

Il s’agit maintenant d’étudier, avec cette nouvelle perspective, les effets sur la graisse intramusculaire des thérapies à base d’incrétines -qui modifient la graisse et les muscles- et de la nouvelle classe d’agonistes du GLP-1.

 

« Ce que nous ne savons pas encore, c’est comment nous pouvons réduire le risque pour les personnes ayant des muscles gras », mais cette nouvelle découverte prouve, en tous cas, que les mesures existantes, telles que celles qui ciblent l’indice de masse corporelle ou le tour de taille, ne sont pas suffisantes pour contrôler avec précision le risque de maladie cardiaque".


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