URGENCES : Des services devenus dangereux pour les patients ?
Cette enquête réalisée pour la Société européenne de médecine d'urgence (EUSEM) et publiée dans l’European Journal of Emergency Medicine révèle l’opinion désastreuse des patients, mais aussi des personnels de santé, sur les Urgences des hôpitaux : ces services sont en effet décrits comme des lieux dangereux que ce soit pour les professionnels ou le public. En cause, et sans surprise, le manque de personnel et l’affluence démesurée de patients, des facteurs liés au manque de lits disponibles dans les services.
L’enquête décrit ce que tout patient qui se rend aux Urgences a pu constater, dont l’attente interminable et l’apport de soins dans les couloirs. Les répondants professionnels, quant à eux, regrettent de ne pas recevoir un soutien suffisant de la part de la direction de leur hôpital, pour régler ces problèmes.
Parmi les principaux résultats de l’enquête, décrits comme « alarmants »,
- environ 90 % des personnels interrogés estiment que le nombre de patients aux urgences dépasse la capacité du service à fournir des soins en toute sécurité ;
- une telle affluence de patients constitue un problème chronique ;
- cette incapacité à traiter dans les temps, entraîne des niveaux d’inconfort et de douleur élevés pour les patients ;
- l’attente et l’affluence nuisent à la capacité à apporter les bons soins, et à leur qualité, avec un risque accru d’erreurs médicales et de mortalité prématurée ;
- de nombreux patients ont le sentiment que le personnel des urgences est « en colère » voire « impoli » et souffrir du manque de gentillesse et d’écoute ;
- les professionnels des urgences plus jeunes et moins expérimentés sont plus susceptibles d'être touchés par cet épuisement, que les personnels plus âgés et plus expérimentés.
« Ces données suggèrent un niveau élevé d’épuisement et de frustration", souligne le Dr James Connolly, Président de l'EUSEM : « étant donné que la grande majorité des professionnels déclarent leur fierté de travailler dans un service d'urgence, le nombre excessif de patients en regard du nombre de médecins et d’infirmières contribue à expliquer ces résultats ».
Et les infirmières ? Les infirmières qui ont répondu au sondage se sentent encore moins en sécurité que les médecins, notamment en raison du contexte surpeuplé et tendu dans lequel elles doivent traiter des patients qui, dans certains cas, souffrent de problèmes de santé mentale ou adoptent des comportements agressifs.
Cette nouvelle enquête apporte des résultats dégradés par rapport à celle de l'année dernière et confirme que ce schéma « totalement inacceptable » se répète inlassablement, et que les mesures adéquates ne sont pas prises pour y remédier. Le constat est d’autant plus critique que dans ces services d'urgence, la majorité des professionnels sont encore « juniors » et donc plus à risque d'épuisement professionnel. Ils ont donc besoin de supervision pour se protéger eux-mêmes et maintenir une bonne qualité de soins pour leurs patients.
La pression de l'efficience : les auteurs ajoutent que les services des Urgences, comme les systèmes de santé sont soumis à de tels contraintes d’efficience, qu’ils se sentent pressurisés, avec un risque accru d’erreurs médicales :
- ainsi, 54,2 % des professionnels des urgence se déclarent être en permanence sous pression ;
- la même proportion juge le soutien de la direction de l'hôpital insuffisant ;
- 35 % soutiennent que les gestionnaires de leur établissement n'ont jamais soutenu la mise en œuvre d'améliorations ;
- 47 % pensent que les procédures mises en place pour réguler les flux de patients en service des Urgences n'ont jamais été efficaces.
- Ces points de vue sont partagés par une majorité de patients qui avouent préférer ne pas devoir y aller en raison de « la surpopulation, des longs délais d'attente et de l’épuisement des soignants » et par peur des erreurs médicales.
Les auteurs concluent :
« Les professionnels ont besoin d’être soutenus et les patients ont besoin d'être rassurés.
Les gouvernements et les autorités sanitaires doivent agir avant que la situation ne s'aggrave davantage ».
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