ANTIBIORÉSISTANCE: CRE, la superbactérie qui inquiète les experts américains
Cette entérobactérie carbapenem-résistante (CRE pour carbapenem-resistant Enterobacteriaceae), qui vit dans le tube digestif, désormais reconnue comme « superbug » par les agences sanitaires américaines, est devenue une cible prioritaire pour les Etats-Unis. L'administration Obama déclenche une « offensive » nationale face à l’émergence croissante des antibiorésistances, assortie de soutiens financiers pour le développement de nouveaux médicaments. Zoom sur la CRE qui, au fil des mutations, est devenue résistante à tous les antibiotiques, y compris de dernière ligne, comme la colistine.
Assortie d'un taux de mortalité qui avoisine les 50%, CRE est désormais considérée par les US Centers for Disease Control and Prevention (CDC) comme le symbole de l'antiobiorésistance bactérienne, des infections nosocomiales (à l'hôpital) et la bactérie ennemie publique N°1. L'alerte remonte au début de l'année 2015, avec 2 premiers décès documentés à l'hôpital de l'Université de Californie Los Angeles (UCLA), qui, depuis se sont multipliés (voir schéma ci-contre). Son défi, CRE résiste aujourd'hui à tous les antibiotiques et si jusqu'à récemment, un « vieil » antibiotique, la colistique, permettait d'en venir à bout, CRE a depuis développé des mutations qui la rendent invincible.
La fin de l'ère des antibiotiques est à nouveau évoquée, d'où l'annonce du gouvernement Obama de soutenir la recherche sur de nouvelles générations d'antimicrobiens (avec un budget de 800 millions de $), mais aussi sur un meilleur contrôle de l'usage des antibiotiques disponibles (avec unbudget de 900 millions de $), chez les humains mais aussi dans l'élevage qui pèse pour 70% dans la consommation d'antibiotiques. Le risque est clair, leur surutilisation et leur mésusage pourraient nous faire revenir à l'ère pré-antibiotiques avec le retour en force de maladies infectieuses aussi courantes que l'angine streptococcique par exemple. Aux Etats-Unis, groupe d'experts doit plancher sur un plan à 5 ans et établir de nouveaux règlements pour un meilleur usage des antibiotiques à l'hôpital. 20 millions de dollars devraient financer le développement d'un test de diagnostic capable d'identifier rapidement les infections bactériennes très résistantes.
De nouveaux médicaments et tests de diagnostic apparaissent comme les solutions les plus immédiates à cette crise de l'antibiorésistance, cependant la « technologie » ne suffira pas à résoudre le problème sans une réforme des systèmes de santé. Pour preuve, CRE a émergé à l'hôpital, avec l'usage de dispositifs invasifs, dont des duodénoscopes, puis les infections à CRE se sont répandues dans les hôpitaux américains. Certains experts suggèrent que CRE pourrait prochainement « s'attaquer » aux communautés, à l'extérieur de l'hôpital. Aujourd'hui, les CDC estiment que les CRE causent environ 9.300 infections et 610 décès par an.
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